Réveil à 4h, pour partir à 4h30, et être à 4h40 au port, où nous embarquons sur un petit navire, afin de gagner le large et les morceaux de banquise qui flottent sur la mer.
Nous arrivons juste avant le lever du soleil, et celui-ci est déjà un spectacle en soi.
La faune arrive petit à petit : pygargues de steller, pygargues à queue blanche, deux ou trois espèces de mouettes, corbeaux, tous présents par la présence combinée de la mer qui offre le couvert, et la banquise qui offre le gîte.
A bord ne se trouvent que des chasseurs d’images, mais nous sommes un nombre qui, rapporté à la taille du navire, nous permet de ne pas nous marcher dessus.
Mymy travaille au 70-200 en électron libre sur le bateau ; en ce qui me concerne, je reste scotché au 400 posé sur trépied, assis sur mon banc, tel un artilleur : le bateau bouge beaucoup, parfois par à coups, mais ça devrait aller.
Nous restons suffisamment longtemps pour couvrir la fin de nuit, l’aube, le lever du soleil, puis le jour.
Nous assistons également à nombre de scènes intéressantes et amusantes, sur la cohabitation de ces espèces et leurs rapports hiérarchiques ou conflictuels, dès lors qu’il s’agit de l’espace ou la nourriture.
Beaucoup de mouvements donc beaucoup de rafale, beaucoup de sujets, beaucoup de situations : les cartes sont pleines avant le début du trajet retour, ce qui nous permet de profiter tranquillement des derniers instants, simplement à observer.
Le froid se faisant vraiment mordant, surtout les mains finalement, nous nous réfugions à l’intérieur de la grande cabine du bateau pour le trajet retour.
Ah j’ai oublié de dire que les paysages n’étaient pas en reste, grâce au temps superbe : la chaîne de montagnes qui compose quasi exclusivement la péninsule de Shiretoko donne l’impression de se jeter directement dans la mer, laissant tout juste de la place pour une mince bande de territoire habité, symbolique extrême du Japon.
Retour à l’hôtel pour le petit déjeuner, plus que bienvenu, avant d’aller finir notre nuit : l’activité dans le froid nous a mis KO.
Déjeuner dans la chambre de sashimi achetés la veille, puis ballade en raquette dans la montagne environnante : un geyser capricieux, une rivière non gelée, le début du sentier de randonnée, les traces de daims et d’un chien.
Retour à l’hôtel à nouveau pour une lessive, le bain chaud (en extérieur) et un excellent dîner dans un niveau sonore autrement plus faible que la veille.
Comme tous les soirs : le lit sera bon.
Pour finir le billet, quelques anecdotes :
Les camions de poubelles jouent, pour se signaler, une musique rigolote, façon marchand de glaces.
Peu de stations de radio sont disponibles dans l’est de Hokkaido et la plupart se consacre à du blabla, rarement à la musique, laquelle est dans ce cas toujours du cru. Néanmoins, nous avons entendu la Javanaise.
Lors de l’excursion en bateau, certains pygargues de steller se sont fait une spécialité de la démarche de cowboy façon « il n’y a pas assez de place pour nous deux à l’ouest du bloc de glace ! » ; d’autres se sont spécialisés dans le ruck tout seul, en avançant tout en protégeant le poisson capturé de leur queue et de leurs ailes. Dans ce cas de figure, nous avons pu observer un corbeau téméraire allant tirer par derrière à maintes reprises une plume de la queue du pygargue, le ratio taille et poids lui étant pourtant franchement défavorable 🙂